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Créer des ENA en Afrique
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Créer des ENA en Afrique : quelle drôle d’idée !

Fonctionnaire est un métier, qui a besoin de connaissances précises (en droit, en finances publiques, etc…) et qu’il faut une formation pratique …

Stéphane KeslerInterview de Stéphane Kesler, haut-fonctionnaire avec plus de 15 ans d’expérience (fonction d’inspection et de direction), mission réalisée en Afrique dans les Caraïbes et en Europe et spécialisation dans la formation des hauts fonctionnaires la GRH de la fonction publique et le secteur de l’éducation.

L’ENA est un sigle connu, mais pouvez-vous détailler ce que cela signifie ?

L’Ecole Nationale d’Administration est une école de formation de hauts fonctionnaires.  Cela veut dire qu’une fois qu’on a réussi à intégrer cette école, on suit un programme qui dure deux ans, et après, on a vocation à occuper des emplois importants dans l’administration. Ce n’est pas automatique, tout le monde ne deviendra pas Ambassadeur ou Préfet, mais l’école est faite pour préparer à ce type de fonctions. Quelques-uns poursuivent une carrière politique : ce sont les plus connus, mais ils ne représentent qu’une très faible partie des anciens élèves.

En quoi l’ENA se distingue d’autres formations ?

Cette école a été créée en France, en 1945, par le Général de Gaulle. Le concept à l’époque était innovant, et ambitieux, avec deux principes.

La première idée est que chaque Ministère ne recrute pas de manière confidentielle, en fonction des relations des uns et des autres, mais de manière transparente, ouverte et anonyme. Chaque année, on met en place un concours, avec plusieurs publics différents : étudiants, fonctionnaires en activité, employés du secteur privé.

Le second principe  est que fonctionnaire est un métier, qui a besoin de connaissances précises (en droit, en finances publiques, etc…) et qu’il faut une formation pratique : il n’y a pas de professeurs permanents à l’ENA, seulement des professionnels qui interviennent sur des thèmes liés à leur métier.

Ces principes ont par la suite été largement repris dans toutes les formations de la fonction publique

Est-ce qu’il y a des ENA ailleurs qu’en France ?  

Oui, et dans le monde entier ! Ce modèle a été considéré comme intéressant et a été repris dans de nombreux pays. En ce moment, l’Egypte a décidé de créer une ENA, avec l’appui de la France.  A titre personnel, j’ai travaillé pour des Ecoles Nationales d’Administrations dans des pays aussi différents que le Maroc, le Cameroun, la Centrafrique – et de l’autre côté de l’Atlantique, en Haïti.

Et je suis fier d’avoir participé à la création de l’ENA en République Démocratique du Congo. 

Que faites-vous, exactement, dans ces pays ? 

J’aide les écoles selon leurs besoins. Parfois, elles demandent un appui pour le concours d’entrée : comment assurer l’anonymat des candidats, comment harmoniser les corrections, quelles consignes donner aux membres du jury. Parfois, il s’agit de les aider à mettre en place des formations axées sur la pratique professionnelle, et qui soient directement utiles.

Mais pourquoi créer une ENA au Congo ? Il n’y a pas d’autres priorités ?

Bien sûr, les populations de ce pays font face à des difficultés quotidiennes, plus urgentes : comment se soigner, aller à l’école primaire, avoir une nourriture de qualité convenable.

Mais pour sortir du sous-développement, il est nécessaire que le budget de l’Etat soit géré rigoureusement, que les dépenses sociales soient utilisées au profit de ceux qui en ont le plus besoin, que les négociations avec les partenaires internationaux permettent de maximiser leur aide.

Dans tous des domaines,  il est fondamental que l’Etat dispose d’administrateurs de qualité, bien recrutés et bien formés. Créer une ENA à Kinshasa permet que l’Etat soit mieux géré, et est donc un investissement sur l’avenir du pays.

Clémence Rossignol
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Aimant écrire sur des sujets de société, géopolitiques ou économiques, je vous propose ici mon jeune regard à travers une actualité hebdomadaire. J’essaie d’étudier en profondeur des sujets souvent peu traités par les médias traditionnels nationaux.

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