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La réforme du baccalauréat : l’aboutissement de 10 ans d’efforts

J’ai notamment dirigé la Maison des examens à Arcueil (..) j’ai pu constater de première main les lourdeurs et les défauts de la forme du baccalauréat.

Interview de Stéphane Kesler, haut-fonctionnaire avec plus de 15 ans d’expérience (fonction d’inspection et de direction), mission réalisée en Afrique dans les Caraïbes et en Europe et spécialisation dans la formation des hauts fonctionnaires la GRH de la fonction publique et le secteur de l’éducation

Quel lien avez-vous avec le nouveau baccalauréat, qui se met en place depuis 2 ans ?

C’est une longue histoire. Je travaille depuis ma sortie de l’ENA, il y a bientôt 20 ans, au Ministère de l’éducation nationale. J’ai notamment dirigé la Maison des examens à Arcueil, le service qui gère le baccalauréat en Ile-de-France, pour les académies de Paris, Créteil et Versailles. A ce poste, j’ai pu constater de première main les lourdeurs et les défauts de la forme du baccalauréat qui existait avant cette réforme

Pouvez-vous me donner un exemple de cette lourdeur ?

Un chiffre l’illustre : 4 600. C’est le nombre de sujets d’examen qu’il fallait produire, chaque année, pour couvrir toutes les épreuves. Cela représentait 12 sujets (et autant de corrigés) à produire chaque jour, et à refaire l’année suivante. Un travail de titan.

Certaines épreuves étaient passées par plus de 100 000 candidats, comme les mathématiques en bac S. D’autres par moins de vingt, comme le danois ou le tahitien.

Et au-delà, il y avait une préoccupation constante que cette grosse machine ne se grippe, qu’il y ait un incident dans le fonctionnement du bac.

Quel est le rapport en la réforme actuelle du baccalauréat ?  

Justement. Un tel incident est arrivé en 2011 : un sujet (de maths, pour le bac S) a été diffusé sur les réseaux sociaux, juste avant l’épreuve, sans qu’on s’en aperçoive. Les consignes de correction appropriées ont été données, mais il y a eu une forte émotion au niveau national, et quelque part la confiance du grand public a été ébranlée.

C’est dans ce cadre que je suis intervenu : le Ministre (pas celui en poste actuellement, mais celui en fonction en 2011) a demandé à l’inspection générale du ministère de l’éducation de proposer des évolutions de l’examen. Et c’est dans ce cadre que je suis intervenu. 

Qu’avez-vous proposé ? 

D’abord, nous avons fait le constat de toutes les difficultés de l’ancien bac. Par exemple, certains élèves choisissaient une série « par devoir », et avaient dans deux des trois disciplines principales de la série une note inférieure à 10 (cela représentait 5% des bacheliers S et 22% des bacheliers L).

Ensuite, nous avons regardé à l’étranger ce qui marchait bien, et pouvait être utilement adapté en France. Par exemple, en Italie, il y avait une épreuve orale très intéressante, le « colloquio », où le candidat pouvait faire une présentation orale portant sur plusieurs disciplines.

Nous avons proposé dans notre rapport ce genre d’évolutions.

2011, ça fait 10 ans…

En effet, nos recommandations n’ont pas été tout de suite suivies d’effet. Mais, lorsque le Ministre Jean-Michel Blanquer a souhaité une évolution du baccalauréat, une commission a été mise en place, à laquelle j’ai participé, notre rapport a été relu – et vous connaissez la suite…

Clémence Rossignol
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Aimant écrire sur des sujets de société, géopolitiques ou économiques, je vous propose ici mon jeune regard à travers une actualité hebdomadaire. J’essaie d’étudier en profondeur des sujets souvent peu traités par les médias traditionnels nationaux.

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