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Politique

Election américaine, débat à J-12…Misez sur votre poulain !

A 12 jours de la présidentielle américaine, le second et dernier débat présidentiel américain a finalement eu lieu à Nashville dans le Tennessee ce jeudi 22 octobre à 21 heures. Les deux candidats dans la course à la Maison Blanche se sont affrontés pendant 90 minutes dans un deuxième débat plus calme que celui mené à Cleveland, il y a trois semaines.

Un nouveau dispositif a été mis en place afin d’éviter de revivre la foire d’empoigne « honteuse » pour l’Amérique, du premier débat. Les organisateurs avaient décidé de couper successivement les micros des candidats pendant les deux premières minutes de prise de parole de chacun. Kristen Welker, la journaliste de NBC News et modératrice de ce second débat, a réussi à maitriser les deux hommes, en posant ses questions sans être interrompue. Donald Trump a réussi à se contrôler et Joe Biden à prendre du recul.  « C’était le même contenu que la dernière fois, sauf que cette fois, on a compris ce qu’ils disaient. » a résumé Abby Phillip, la journaliste de CNN.

Dès l’ouverture du débat, Joe Biden a été le premier à lancer une attaque à son rival, en dénonçant le bilan mortifère de l’administration Trump face à la pandémie « 220.000 Américains sont morts et le responsable ne devrait pas être Président des États-Unis ». Il a poursuivi « Le président n’a pas de plan, il n’a toujours pas de plan », et s’est montré pessimiste en prédisant aux Américains « un hiver sombre ». Campant sur sa position depuis le début de l’épidémie, Trump a défendu sa gestion de la pandémie sur un ton optimiste et a rétorqué victorieux que sans lui « 2 millions de personnes auraient pu mourir ». En outre, il a clamé que les Etats-Unis disposaient du meilleur réseau de tests du monde et qu’un vaccin sera disponible dans quelques semaines, malgré les déclarations de la principale agence sanitaire américaine qui avait prévenu, avant le débat, qu’aucun vaccin ne serait disponible avant le 3 novembre et que l’hypothèse d’une attente de plusieurs mois était la plus probable. Trump n’a pas hésité a rappelé sa victoire personnelle héroïque face au Covid-19, après avoir été lui-même diagnostiqué positif : « Je suis immunisé, m’a-t-on dit, que ce soit pour quatre mois ou pour la vie ». Le Président sortant a aussi expliqué qu’on ne pouvait pas « fermer le pays », et le Président « s’enfermer dans sa cave comme le fait Joe ». Le reconfinement serait selon lui fatal à l’économie américaine comme le montre le cas de New York devenue, selon lui une « ville fantôme » à cause des restrictions sanitaires.

A propos des différents sujets politiques, économiques et environnementaux décisifs pour l’élection, chaque candidat est resté fidèle à la ligne directrice de son programme.

Pour la politique internationale, Biden a promis d’obtenir de la Chine qu’elle respecte ses engagements internationaux ! De plus, Joe Biden s’est amusé des maigres résultats obtenus par Donald Trump grâce à ses échanges directs avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un.

Sur le plan économique, Donald Trump s’est fait partisan de la croissance économique, de la liberté d’entreprendre et du profit.  Contrairement à son adversaire Biden, Trump a réaffirmé son opposition à la hausse du salaire minimum à 15 dollars de l’heure dans tous les Etats.  De plus, le Président sortant souhaite continuer de démanteler l’Obamacare là où le candidat démocrate souhaite, lui, une amélioration de la législation à ce propos. Donald Trump a accusé Joe Biden de vouloir une « médecine socialisée ».

En ce qui concerne l’environnement, Joe Biden a reconnu la nécessité d’agir. Il a lancé un pique à son adversaire « Quatre années supplémentaires de Trump annuleraient toutes les mesures que nous avons mises en place pour protéger l’environnement. ». Donald Trump a pourtant tenté de défendre son bilan environnemental en déclarant avoir réalisé les meilleurs chiffres d’émission de Co2 depuis 30 ans. Selon lui, la sortie de l’accord de Paris avait vocation à ne pas sacrifier des dizaines de milliers d’emplois et d’entreprises, le fameux « America First ».  Cet ultime argument était une provocation et une opposition directe à Joe Biden qui a déclaré vouloir se plier au programme démocrate anti-gaz et anti pétrole de schiste. « Je me détournerai progressivement de l’industrie pétrolière. J’arrêterai parce que l’industrie pétrolière pollue considérablement. ». Cette déclaration se trouve malvenue à un moment si crucial dans l’élection car le candidat démocrate pourrait se mettre à dos de nombreux états dont l’économie dépend essentiellement de l’exploitation de cette ressource. Donald Trump, à cet égard, s’est à la suite empressée d’interpeller ces états : « Vous vous rappellerez ça, le Texas, l’Ohio, la Pennsylvanie ? »

C’est sur la question du racisme et des violences policières, que le démocrate s’est montré le plus clair et le plus assuré. Il a admis l’existence d’un « racisme institutionnel » aux États-Unis. Biden s’est fait partisan de la décence et l’unité, insistant sur le fait qu’il ne serait pas le chef d’un pays fracturé !  Donald Trump a, quant à lui, affirmé -non sans culot- : « Je suis la personne la moins raciste qui soit, la moins raciste de cette pièce. Personne n’a fait ce que j’ai fait pour la communauté afro-américaine depuis Abraham Lincoln. ».

Mais c’est la situation dramatique des plus de 500 enfants migrants sans papiers séparés de leurs parents, que les services de l’immigration disent ne pas retrouver, qui a valu l’un des échanges les plus musclé entre les deux hommes. Joe Biden a exprimé son respect vis-à-vis des migrants et a promis une régularisation massive. Il a qualifié de « criminelle » la politique menée par Trump dans la lutte contre l’immigration clandestine, mais le Président sortant a rétorqué en se dédouanant que les centres de rétention, les « cages », ont été créés par le gouvernement démocrate d’Obama.

Le sujet de la sécurité du scrutin électoral est une nouvelle fois revenu sur la table.

Joe Biden a condamné le désir iranien et russe d’influer sur le résultat du vote du 3 novembre en promettant que « ces pays paieront le prix de leurs actions car ils touchent à notre souveraineté ». Il a également requalifié de « caniche des Russes », Rudy Giuliani, l’un des proches de Donald Trump.  Donald Trump a, quant à lui, nié ces accusations en se lançant dans un réquisitoire à l’encontre de Hunter Biden, fils de Joe Biden, qui se serait servi de l’influence de son père, vice-président sous Obama, pour conclure des accords commerciaux lucratifs avec l’Ukraine et la Chine. Trump a ensuite ajouté d’un ton solennel : « Personne n’a jamais été plus dur que moi vis-à-vis de la Russie et de l’Iran. »

En ce qui concerne les autres dossiers, Donald Trump a reproché à Joe Biden d’avoir été passif et de n’avoir rien fait lorsqu’il en avait l’occasion en tant que vice-président pendant les deux mandats d’Obama. Il a déclaré « Vous parlez de tout ce que vous allez faire si vous êtes élu. Pourquoi n’avez-vous pas fait tout ceci il y a quatre ans ? Je me suis justement présenté à cause de vous ! ».

Les deux candidats semblent avoir marqué des points, à leur manière, et ne pas avoir reproduit les mêmes erreurs que lors du premier débat. Le candidat républicain a rempli sa mission en apparaissant plus présidentiel et moins offensif. Le candidat démocrate, lui, a réussi à contrer les attaques de son rival et à maintenir son statut de candidat empathique partisan de la réconciliation dans une Amérique en crise et divisée. Il serait donc difficile de désigner un grand vainqueur de ce débat car l’un comme l’autre défend des politiques aux antipodes.  Biden semble tout de même avoir convaincu la majorité des téléspectateurs. En effet, selon un sondage réalisé et publié par CNN, 53% des électeurs qui ont regardé le débat désignent Joe Biden comme vainqueur, contre 39% pour Trump.  A quatre semaines du scrutin, plus de 4 millions d’Américains ont déjà voté, soit plus de 50 fois les 75.000 votants recensés à la même période en 2016. La présidentielle américaine 2020 pourrait ainsi compter le taux de participation le plus élevé depuis 1908. Cependant, compte tenu du système électoral américain des grands électeurs, ce sont les swings states, dont la Pennsylvanie, plusieurs fois citée lors du débat, qui feront pencher la balance en faveur du candidat démocrate ou républicain.

Clémence Rossignol
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Aimant écrire sur des sujets de société, géopolitiques ou économiques, je vous propose ici mon jeune regard à travers une actualité hebdomadaire. J’essaie d’étudier en profondeur des sujets souvent peu traités par les médias traditionnels nationaux.

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