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United Arab Emirates and Israel two flags on flagpoles

Politique

Vers une nouvelle ère entre Israël et les pays arabes ?

Jeudi 13 août 2020, les Émirats arabes unis et Israël sont convenus de normaliser leurs relations, dans le cadre d’un accord de paix signé sous l’égide des États-Unis après de longues discussions tripartites par téléphone.

Lors de sa conférence de presse jeudi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a qualifié ce jour de « jour historique » et a parlé d’une « nouvelle ère » entre Israël et les pays arabes. Après l’Egypte en 1979, qui accepta de faire la paix en échange de la restitution de la péninsule du Sinaï par l’armée israélienne, et la Jordanie en 1994, qui signa un pacte de paix lors des accords d’Oslo, les Émirats arabes unis sont le troisième pays arabe à reconnaître officiellement l’Etat d’Israël et à approuver la « pleine normalisation » des relations avec l’État hébreu.

Depuis sa fondation en 1948, Israël a eu des relations tumultueuses avec le monde musulman et arabe. La signature de cet accord pourrait probablement ouvrir la porte à des accords de paix avec d’autres pays du Golf comme le Bahreïn ou l’Arabie saoudite. Cela modifierait de facto les équilibres et enjeux des puissances au Proche-Orient, mettant définitivement fin à l’isolement d’Israël dans la région. Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a, quant à lui, déclaré : « Les États-Unis espèrent que cette étape courageuse sera la première d’une série d’accords qui mettront fin à 72 ans d’hostilités dans la région ».

La signature de cet accord n’est cependant pas si surprenante. Depuis une vingtaine d’années, les Emirats arabes unis avaient développé officieusement une intense coopération avec Israël. A titre d’exemple, l’armée émirienne se faisait fournir du matériel militaire par l’industrie israélienne. En outre, les israéliens avaient été autorisés à prendre part à des compétitions sportives aux Emirats. Il était même prévu, avant la pandémie de laCovid-19, qu’Israël tienne un stand à l’exposition universelle de Dubaï à l’automne.

A l’international cet accord a été salué par de nombreuses organisations et pays. Dans un communiqué, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a partagé ses espérances vis à vis de cet accord qui crée « une occasion pour les dirigeants israéliens et palestiniens de reprendre des négociations substantielles, débouchant sur une solution à deux États conformément aux résolutions onusiennes en la matière ». De même, Nabila Massrali, porte-parole du chef de la diplomatie de l’UE, a rappelé l’engagement de l’Union en faveur d’une solution à deux Etats : « Nous sommes, bien sûr, prêts à travailler à la reprise des négociations entre les Israéliens et les Palestiniens ».

Le gouvernement allemand a déclaré qu’il s’agissait d’une « contribution importante à la paix dans la région » qui allait « permettre de donner un nouvel élan au processus de paix au Proche-Orient ». A Londres, l’accord a été reconnu comme « une étape historique qui voit la normalisation des relations entre deux grands amis du Royaume-Uni ». En France, le gouvernement a exprimé son contentement et salué cet accord passé entre les deux états.

Néanmoins, du côté du Proche et Moyen-Orient, les réactions ont été moins unanimes. En effet, bien que, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi ait pour sa part salué « une étape vers la réalisation de la paix au Proche-Orient », et que le sultanat d’Oman et du Bahreïn aient applaudi suite à cette annonce, les réactions des autres états de la région furent tout autre.

En Turquie, Erdogan s’est montré tout particulièrement virulent et a menacé de rompre ses relations diplomatiques avec les Emirats ainsi que de rappeler son ambassadeur.  L’Iran a, quant à elle, dénoncé cet accord en le qualifiant de « stupidité stratégique ». Au Liban, Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, a déclaré : « C’est une trahison de Jérusalem et du peuple palestinien. C’est un coup de couteau dans le dos ». A Jérusalem, vendredi, devant la mosquée Al-Aqsa, les fidèles musulmans ont marché sur des photos du cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.  A Naplouse, ville occupée par Israël en Cisjordanie, certains ont mis le feu à des photos du cheikh, et des présidents israéliens et américains. Dans la bande de Gaza, suite à l’annonce, des ballons incendiaires ont été lancés vers l’état hébreux et l’armée israélienne a dû lancer une nouvelle série de frappes nocturnes vendredi, afin de stopper ces attaques. Le président de Palestine, Mahmoud Abbas, s’est offusqué et a qualifié cette normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis, de véritable « trahison ». Il a par ailleurs appelé à une réunion d’urgence de la Ligue arabe et a rappelé immédiatement son ambassadeur à Abou Dhabi. Le mouvement palestinien le Hamas a estimé cet accord « ne sert pas la cause palestinienne ».

Ces accords d’Abraham sont en effet, plus que profitables à l’état israélien qui ne semble, en réalité, faire aucune véritable concession. « Nous avons convenu d’un accord de paix complet avec des échanges d’ambassadeurs et des échanges commerciaux y compris des vols directs entre Abou Dhabi et Tel-Aviv » a annoncé Benjamin Netanyahou, lors d’une allocution télévisée. Selon ses déclarations, les Émirats vont investir des sommes importantes en Israël.  Des liaisons aériennes devraient donc s’établir dès cet automne avec la délivrance de visas touristiques. Bien que les échanges économiques existassent déjà entre les deux états, ceux-ci se résumaient auparavant à l’industrie militaire et sont appelés désormais à s’étendre.

En outre, l’établissement de relations diplomatiques entre Israël et les Emirats arabes unis s’inscrit dans la perspective stratégique de contenir la montée en puissance de l’Iran, ennemi juré de Washington et d’Israël.

Cet accord, fut signé cependant avec, en contrepartie, l’arrêt de « toute annexion supplémentaire de territoires palestiniens », selon le prince héritier d’Abou Dhabi. En effet, le gouvernement d’union de Benjamin Netanyahou devait annoncer début juillet sa stratégie d’annexion de la vallée du Jourdain et de colonies juives en Cisjordanie. Pourtant, bien que fortement encouragé par Donald Trump, ce projet, décrié par les Palestiniens, était considéré comme illégal au regard du droit international et faisait craindre une nouvelle escalade. Aujourd’hui, les lectures de l’accord nouvellement passé entre Israël et les Emirats arabes unis divergent. En effet, Benyamin Netanyahou a tenu, jeudi soir, un tout autre discours que les dirigeants émiratis, en déclarant : « J’ai apporté la paix, je réaliserai l’annexion ». Selon lui, l’annexion de pans de ce territoire palestinien occupé est « reportée », mais Israël n’y a « pas renoncé ».

Des délégations israéliennes et des Émirats doivent se rencontrer d’ici trois semaines à Washington, pour signer des accords bilatéraux finaux scellant officiellement et pour de bon la nouvelle alliance entre l’Etat hébreu et les monarchies pétrolières du golfe persique. Le Premier ministre israélien a d’ailleurs nommé Meir Ben Shabbat le, chef du conseil de la sécurité nationale, pour diriger les pourparlers avec les Emiratis.

Ces négociations semblent tomber à pic pour Donald Trump et Netanyahou, ayant tous deux vu leurs cotes de popularité chuter depuis plusieurs mois. À moins de trois mois du scrutin présidentiel américain, Donald Trump, qui été en difficulté dans les sondages en raison de son impuissance à endiguer l’épidémie de coronavirus, voit dans ce succès diplomatique un moyen de prouver aux peuple américain sa compétence au bureau ovale. Netanyahou, quant à lui, récemment empêtré dans des affaires judiciaires et confronté à de violentes manifestations de l’opposition, voit en cet accord une belle opportunité pour redorer son image.

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Aimant écrire sur des sujets de société, géopolitiques ou économiques, je vous propose ici mon jeune regard à travers une actualité hebdomadaire. J’essaie d’étudier en profondeur des sujets souvent peu traités par les médias traditionnels nationaux.

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