L’industrie du voyage est gravement atteinte par cette pandémie mondiale. La fermeture des frontières, et plus radicalement les mesures de confinement, ont provoqué une onde de choc dans l’industrie du voyage.
Aux Etats-Unis plus précisément, l’impact du coronavirus sur cette industrie s’élève à une perte de 5,9 millions d’emplois et 910 milliards de dollars. Cette perte économique est considérable et correspond à près de sept fois l’impact du 11 septembre 2001. Ainsi, dans les années à venir, notre conception du voyage et notre mode de consommation de ce loisir se verraient chamboulés, entre acteurs « gagnants » et « perdants » de cette recomposition. Aujourd’hui, Expedia est la plus grande agence de voyages en ligne au monde, en ce qui concerne les réservations. Toutefois, la crise du Covid-19 a fait significativement baisser les réservations, provoquant une forte baisse des marges de la société et de son cours de bourse. L’action Expedia valait 131 $ il y a six mois, mais n’en vaut aujourd’hui plus que 56,27 $. Son Président, Barry Diller, envisage sérieusement de revendre cette entreprise, car il n’y a selon lui pas d’autre issue possible. Des entreprises, telles que Google, Amazon, Alibaba, Costco et Facebook, pourraient voir ainsi en cette mise en vente une opportunité d’élargir encore leurs portefeuilles financiers et leurs offres de services.
En parallèle, les sociétés de location de vacances privées devraient, quant à elles, être les « bénéficiaires » dans un monde post-Covid-19, notamment par rapport aux grandes chaînes d’hôtels. Les consommateurs réintégreront le marché du voyage avec prudence et la distanciation sociale sera toujours une priorité. Ainsi, les hôtels aux grandes salles de petits déjeuners, aux piscines et salles de sport très fréquentées ne seront plus des produits recherchés. L’éloignement social, devenu mot d’ordre de notre société, favorisera les locations. Cette domination du secteur des locations privées se fait ressentir en ce qui concerne l’investissement. En effet, Airbnb a reçu, malgré le Covid-19, des demandes de capital-risque et de fonds souverains qui traduisent la domination future de la société dans l’industrie du voyage. Par ailleurs, le PDG d’Airbnb, Brian Chesky, a également rapidement positionné son entreprise pendant la crise du Covid-19 en tant que marque pro-consommateur, en offrant des remboursements aux clients à l’échelle mondiale. Ces remboursements permettent à Airbnb de soigner son image de marque et traduisent par la même occasion une certaine confiance de l’entreprise en sa capacité d’affronter le manque à gagner économique.
Enfin, le pôle des croisières dans l’industrie du voyage pourrait, quant à lui, connaître de profondes mutations. Ce pôle semble jusqu’à présent délaissé des politiques de relance. En effet, le plan de relance de 2 millions de dollars signé par le président Donald Trump, la semaine dernière, exclut bel et bien les compagnies de croisière. Cela s’explique par un désir de mutation de l’industrie des croisières. Dans une lettre au Congrès, huit sénateurs américains affirment que les compagnies aériennes et les croisières ne devraient recevoir une aide financière que sous condition. Cette condition concerne les pratiques environnementales. À l’avenir, cela signifie que les compagnies de croisière, qui souhaitent continuer à opérer sur le marché américain, devront entrer dans l’ère des bateaux de croisière électriques et mettre en place des « navires de croisière zéro émission ». La réalisation de ce projet ambitieux de transformation prendra probablement des années, mais il est plus probable que jamais. Par ailleurs, une seconde nouveauté en ce qui concerne cette industrie pourrait entrer en vigueur. Cette nouveauté concerne la clientèle de ces navires. Le Département d’État américain aurait en effet déclaré : « les citoyens américains, en particulier les voyageurs ayant des problèmes de santé sous-jacents, ne devraient pas voyager en bateau de croisière. » Le CDC note un risque accru d’infection de Covid-19 dans un environnement de navire de croisière. Ainsi, bien que semée d’incertitudes et d’interrogations, l’industrie du voyage sera pour sûre recomposée. Voyager demain sera bien différent de notre conception et des conditions de voyage connues avant 2020.
Les derniers chiffres des États-Unis : The Economic Impact of the Coronavirus Due to Travel Losses