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Économie

5 questions : tout comprendre des enjeux de l’Iran et du nucléaire !

Pourquoi l’Iran veut développer le nucléaire ?

Face à l’urgence climatique et l’augmentation des besoins en énergie, la nécessité de réduire notre dépendance aux énergies fossiles apparaît comme une évidence. Le nucléaire pourrait être une alternative crédible.  Aussi appelée énergie atomique, l’énergie nucléaire utilise le minerai uranium comme combustible pour produire de l’électricité.  L’Iran a commencé son programme de développement du nucléaire à la fin des années 1950. L’objectif pour l’Iran était de briser sa dépendance énergétique pétrolières et gazière. Malgré ses ressources énergétiques immenses (10% des réserves mondiales de pétrole et 16% des réserves mondiales de gaz), la consommation intérieure iranienne connaissait une croissance annuelle soutenue, ce qui réduisait le volume des exportations puisque le quota de production de l’OPEP reste fixé à 4 millions de barils par jour. La maîtrise de cette nouvelle ressource permettrait donc à l’avenir d’économiser sur la consommation intérieure pétrolière et gazière et donc de favoriser l’exportation. A l’époque, les autres états voyaient aussi par conséquent d’un bon œil le développement du nucléaire civil en Iran. 

Comment l’Iran a acquis la technologie nécessaire à la production de cette énergie ?

L’acquisition et la maîtrise de la production du nucléaire demande un certain avancement technologique. Son développement en Iran a été possible grâce à de multiples collaborations.  Pour comprendre, il faut remonter à la fin des années 1950, lorsque Téhéran et Washington étaient encore alliés. Le Premier ministre iranien à cette époque était Fazlollah Zahedi, homme de paille mis en place au pouvoir en 1953 par la CIA en collaboration avec les services secrets britanniques dans l’opération Ajax.  Le Chah Mohammad Reza Pahlavi, autorité suprême iranienne, entretenait de bonnes relations avec l’Occident, la prolifération du nucléaire iranien n’apparaissait donc pas comme une menace. C’est dans le cadre du programme « Atoms for Peace», lancé en 1953 par le Président américain Eisenhower afin de développer dans le monde les usages civils du nucléaire, que l’Iran a pu développer cette technologie.  Dès 1957, des accords bilatéraux entre les États-Unis et la Dynastie Pahlavi, pour développer un programme nucléaire de coopération civile ont été signé. En outre, l’Europe a aussi encouragé le développement du nucléaire par la mise en place d’une coopération scientifique avec Franco-Iranienne dès 1956 dans le but de former des physiciens iraniens. L’essor du nucléaire s’est accéléré à mesure que les investissements ont été de plus en plus conséquents (accord Eurodif, création de l’OEAI, Contrat avec Kraftwerk Union…).

 Cependant, la révolution iranienne de 1979, entrainant la chute de la dynastie Pahlavi et la prise de pouvoir des extrémistes islamiques, a changé la donne. Les alliés d’hier se retrouvent alors ennemis et le développement du nucléaire en Iran n’est plus vu d’un bon œil.

Qui contrôle la production du nucléaire en Iran ?

Selon l’ICAN, 9 pays détiennent désormais l’arme nucléaire.  À savoir les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni, l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord, depuis 2009. Le neuvième état est Israël qui dispose d’une force nucléaire non déclarée. En effet, bien qu’Israël n’ait jamais reconnu publiquement l’existence de son programme nucléaire, les experts estiment qu’elle en a un depuis 1967. Afin d’encadrer la possession de cette arme nucléaire, un traité a été acté dès 1968. Il s’agit du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Ce traité, regroupant 190 états, est essentiel dans la lutte contre la prolifération nucléaire sur la planète et son application est garantie par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). Cependant, au vu du développement du nucléaire iranien, des débats en ce qui concerne l’interprétation du traité et de l’impuissance de l’AIEA, Kofi Annan avait affirmé que le T.N.P qui « n’a pas suivi le rythme de la technologie et de la globalisation », était menacé d’ « obsolescence ».

Le 14 juillet 2015 a donc été signé l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien ou plan d’action conjoint. Il s’agit d’un accord signé par les pays du P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies auxquels s’ajoute l’Allemagne), ainsi que l’Union européenne et l’Iran.  Cet accord accepte officiellement la présence d’une activité nucléaire civile sur le sol iranien mais souhaite réduire de 19 000 à 5 060 le nombre de centrifugeuses ; limiter le stock d’uranium enrichi à 300 kg et faire expédier ou diluer tout l’uranium enrichi au-delà de 3,67 % hors d’Iran ; placer le réacteur d’Arak sous contrôle international ; et enfin, donner un accès total à l’ensemble des installations iraniennes à l’AIEA. La plupart des mesures portent sur un délai de dix ans, tandis que certaines procédures de contrôle sont applicables jusqu’en 2040. En contrepartie, il n’y aura pas suspension mais une levée progressive des sanctions internationales en vigueur contre l’Iran depuis déjà trente-six ans.

Quelles sont les relations diplomatiques de l’Iran avec les autres états en ce qui concerne le développement de son nucléaire ?

Aujourd’hui, les relations entre l’Iran et une très grande majorité de pays demeurent tendues.  L’Iran a subi de nombreuses sanctions ces dernières années comme le gel des capitaux liés à l’enrichissement d’uranium par l’ONU voté en 2006, ou encore la demande de Benyamin Netanyahou en 2012 à la communauté internationale pour imposer à l’Iran « une ligne rouge clair » dans son présumé programme nucléaire militaire, sous peine d’une intervention militaire.

Bien que les tensions s’étaient apaisées sous les mandats d’Obama, celles-ci ont repris de plus belle sous la gouvernance de Donald Trump. En effet, malgré le fait que l’AIEA certifie dans un rapport le 16 janvier 2016, que l’Iran respecte les engagements de l’accord de juillet 2015, le président Donald Trump a annoncé le 23 mai 2018, un retrait unilatéral de l’accord sur le programme nucléaire iranien. Ainsi, d’août 2018 à septembre 2019, Trump a multiplié les sanctions à l’égard de l’Iran.  Plus aucune entreprise européenne n’ose depuis lors commercer avec Téhéran de peur d’être ostracisée aux Etats-Unis. Les exportations iraniennes de pétrole sont tombées de 2,8 millions de barils par jour au printemps 2018 a moins de 600.000 aujourd’hui. En réaction aux sanctions américaines, en mai 2019, le Conseil suprême de sécurité nationale iranien a annoncé que Téhéran cessait de respecter deux clauses de l’accord. Le gouvernement iranien a ainsi déclaré le 5 novembre 2019, une reprise des activités d’enrichissement de l’uranium dans l’usine de Fordo, alors qu’il s’était engagé à les geler dans le cadre de l’accord.

Enfin, les affrontements américano-iraniens se sont multipliés avec l’armement par l’Iran des groupes terroristes ennemis des Américains. L’escalade entre les deux pays est à son acmé et l’assassinat, le 3 janvier 2020, du général iranien Soleimani à sa sortie de l’aéroport de Bagdad par une frappe de drone ciblée, ordonnée par le président des États-Unis Donald Trump, n’a pas arrangé les choses.

Si les Etats Unis veulent maintenir une forte pression sur l’Iran en l’asphyxiant économiquement, l’UE, elle, se montre plus modérée et plus encline à la négociation.

Depuis ce vendredi, les relations entre l’Iran et Israël sont plus que tendues. En effet, le gouvernement iranien accuse Israël d’être à l’origine de l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh à Absard, vendredi 27 novembre. Cet homme était un acteur clé du développement du nucléaire iranien, et fut à l’origine de programmes secrets visant à concevoir une ogive atomique en Iran.

Le nucléaire iranien est-il une menace ?

Depuis le lancement des bombes atomiques américaines à Hiroshima et Nagasaki au Japon, le monde craint qu’un conflit nucléaire ne dégénère en une destruction totale de l’humanité, une vision véritablement apocalyptique. Ronald Reagan, Président des Etats-Unis entre 1981 et 1989 disait « Une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit donc jamais être livrée ».  Bien qu’il y ait régulièrement des escalades entre l’Iran et la communauté internationale et des soupçons en ce qui concerne les intentions de celle-ci dans son programme de nucléaire civil, il n’y a aucune preuve que l’état iranien exploite le nucléaire pour un usage militaire.  Selon les services secrets américains Téhéran aurait arrêté ses activités atomiques militaires depuis 2003. Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) en 2019, l’Iran disposait d’un réacteur en activité et 2,1 % de l’électricité produite nationale provenait de ce nucléaire civil. Cependant, nucléaire civil et nucléaire militaire sont étroitement liés et selon un rapport de l’A.I.E.A., le centre d’enrichissement de Fordo posséderait toutes les caractéristiques d’un programme militaire et non civil. En outre, selon l’accord de 2015, l’Iran n’a pas le droit d’enrichir de l’uranium qu’à hauteur de 3,67 %. Or l’Iran enrichit actuellement de l’uranium à hauteur de 5 % et dispose de 10 fois la quantité maximum autorisé. Toutefois, ce pourcentage reste bien en dessous des 90 % requis pour fabriquer une bombe. Cette crainte que l’Iran développe l’arme atomique a engendré une guerre hybride mêlant affrontements directs, indirects aux de multiples enjeux (politiques, économiques, idéologiques…). Si la perspective d’une guerre nucléaire ne semble pas d’actualité, la crainte de l’arme atomique revient sans cesse au cœur des relations internationales et est-elle, bien réelle.

Clémence Rossignol
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Aimant écrire sur des sujets de société, géopolitiques ou économiques, je vous propose ici mon jeune regard à travers une actualité hebdomadaire. J’essaie d’étudier en profondeur des sujets souvent peu traités par les médias traditionnels nationaux.

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