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Société

Quand la TELE- réalité impacte notre réalité…

En 2021, la télé-réalité est devenue une véritable industrie super puissante incontournable dans l’audiovisuel français. avec audiences entre 300 000 et 1 million de téléspectateurs, et un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros.

En 2021, la télé-réalité est devenue une véritable industrie super puissante incontournable dans l’audiovisuel français.  Elle fait travailler 12 000 personnes chaque année, avec des candidats professionnels, des audiences entre 300 000 et 1 million de téléspectateurs, et un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros. La communauté ciblée est le jeune public de 10-18 ans, et principalement les jeunes adolescentes avec 43% des femmes regardent la téléréalité contre 18% des hommes. Selon une étude Opinion Way, un tiers des 18-30 ans regarde de la télé-réalité en France. Cependant, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer  l’ascension fulgurante depuis  plusieurs années de ces feuilletons qui peuvent se révéler néfastes pour des jeunes adolescents en pleine construction.

Le premier point qui peut être mis en lumière est l’exposition aux écrans. Ce problème de santé publique, peut être alimenté par les tv réalité qui sont des programmes chronophages et addictifs. En effet, les épisodes des programmes, d’une durée moyenne de 40 minutes, sont diffusés en semaine du lundi au vendredi. Il s’agit d’un cercle vicieux car lorsqu’un téléspectateur s’attache à un candidat, il souhaitera le suivre dans d’autres programmes sur TFX, W9 ou encore NRJ12 … Ce temps consacré à la tv réalité se fait au détriment d’autres activités (lectures, sport, échanges…) et impacte directement le développement des enfants et adolescents. Ainsi, en 2011, la Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP) rattachée au ministère de l’Education Nationale, a publié une enquête s’intéressant aux loisirs de 27 0000 adolescents de classe de 3ème au collège. Plus 40% des enfants sondés déclaraient regarder des séries et émissions de téléréalité (classées en 5e position parmi les loisirs préférés des adolescents).  La DEPP a également mesuré l’impact négatif de cette activité extra-scolaire sur les performances cognitives et scolaires des enfants : un élève moyen qui lit beaucoup aurait une note environ de 14 sur 20 alors qu’un élève qui est «  accro » à la téléréalité obtiendrait une note de 8,4 sur 20.

Au de-là, ces programmes télévisuels auraient un impact néfaste pour la construction des adolescents. Caroline Goldman, psychologue pour enfants et adolescents explique que les jeunes entre 12 et 17 ans quittent leurs identifications primaires, soit leurs modèles familiaux, et prennent appui sur de nouvelles figures identificatoires secondaires, qu’ils trouvent avec leurs amis ou dans les « stars » qu’ils admirent à la télé. « Comme tout bain culturel, la téléréalité constitue une voie d’apprentissage comportemental et cognitif par modeling », a expliqué le Secrétaire Général de la Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et Disciplines Associées (SFPEADA).

Malheureusement, les téléréalités valorisent les comportements agressifs avec violences verbales et parfois physiques, les relations clivantes, tumultueuses et toxiques entre les candidats, la quête de popularité, les comportements superficiels et le culte de l’individualisme. Dans la deuxième édition de son état des lieux du sexisme en France, le Haut Conseil à l’égalité a souligné également le penchant sexiste de ces programmes avec les corps hypersexualisés, les insultes et le rôle de séductrices donnée aux femmes. Le HCE insiste également sur la pression qui pèse sur les femmes de ces milieux et la question du consentement. Récemment, à la suite du tournage des vacances des Anges 4, trois candidates ont dénoncé sur les réseaux sociaux puis dans l’émission « Touche pas à mon poste », les violences, le harcèlement et la misogynie dont elles ont été victimes lors du tournage, le tout cautionné par l’équipe de production. Angèle Salentino, ayant participé à l’émission, témoigne des discours tenus par La Grosse Equipe dès son arrivée :  » On nous a dit mot pour mot « Bon ben les filles, les mecs n’en peuvent plus. Ils sont à l’hôtel, ils vont exploser. Vous êtes à deux doigts de vous prendre une giclée de sperme au visage. » ».

Un dernier problème majeur, qui a été identifié concerne les troubles et le sentiment d’infériorité que peuvent ressentir les téléspectateurs de ces programmes. Selon une étude britannique menée en 2019 par l’association « Mental Health Foundation » sur plus de 4 000 personnes de 18 à 25 ans, l’impact de la téléréalité serait assez important notamment sur l’estime de soi, avec 24% des jeunes sondés qui déclarent qu’ils ne se sentent pas bien dans leur corps et qui lient ce mal être à la téléréalité. The Guardian a ajouté à la suite de la parution de cette étude que « la télé-réalité alimente l’anxiété des jeunes à propos de leur corps, ce qui peut conduire à des pensées suicidaires ». 15% des jeunes sondés ont avoué s’être fait du mal volontairement face à ces émissions et 23% auraient eu des pensées suicidaires, ne se sentant plus bien dans leurs corps. On pourrait ainsi corréler les résultats de cette étude au fait que de plus en plus de jeunes aient recours à la chirurgie esthétique pour chercher la perfection physique. En février 2019, une étude parue dans Le Parisien affirmait qu’en France, les 18-34 ans avaient davantage recours à la chirurgie esthétique que les 50-60 ans. Selon l’étude, en France, la demande de lipofilling, technique utilisée notamment par la star de téléréalité américaine Kim Kardashian et consistant à utiliser sa propre graisse afin de l’injecter dans les fesses, a bondi de 20 à 30% ces dernières années.

Photo : ©️ Séduction haute tension

Clémence Rossignol
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Aimant écrire sur des sujets de société, géopolitiques ou économiques, je vous propose ici mon jeune regard à travers une actualité hebdomadaire. J’essaie d’étudier en profondeur des sujets souvent peu traités par les médias traditionnels nationaux.

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