L’Uruguay compte aujourd’hui 535 cas, 313 guéris et 10 décès. Ce petit pays d’Amérique du Sud surprend d’ailleurs ses voisins, grâce à ces chiffres étonnamment bas qui dénotent une faible propagation de la pandémie. En effet, à l’inverse, le Brésil compte 40 581 cas de Covid-19, et 2575 décès.
Le virus est entré en Uruguay à la mi-mars en provenance du nord de l’Italie et de l’Espagne. Le premier décès a été enregistré à la fin du mois de mars, mais la propagation a été lente et plutôt faible. Cette faible propagation du virus en Uruguay peut s’expliquer notamment par la mise en place d’une stratégie de dépistage massif de la population, inspirée par la Corée du Sud. En outre, l’Etat, déjà endetté de 400 millions de dollars, a établi de nouvelles mesures de solidarité dans l’objectif de collecter 12 millions de dollars supplémentaires dans la lutte contre le Covid-19. Ces mesures consistent à diminuer les salaires et les investissements dans tous les secteurs de la fonction publique uruguayenne, à l’exception du secteur de la santé qui sera de facto renforcé. En tout, 15 000 fonctionnaires, mais aussi un grand nombre de retraités de la fonction publique, gagnant plus de 80 000 pesos par mois, soit environ 1 900 dollars, verront leurs salaires diminuer de 5 à 20 % pour les deux prochains mois. De même, le président de la République Luis Alberto Lacalle Pou, les membres de son gouvernement, ainsi que les parlementaires participeront à l’effort national avec une baisse de près de 20% dans leurs salaires.
L’Uruguay était donc bien équipée et préparée !
De plus, des mesures de restrictions ont été mise en place avec, notamment, la fermeture de toutes les administrations publiques. De même, la fermeture de certains établissements et ipso facto la mise en place rapide d’un télétravail s’est effectué pour les secteurs d’activités qui le permettaient. Le pays a aussi fermé tous les établissements d’enseignement, suspendu toutes les activités publiques, culturelles et sportives. Les élèves de l’école primaire ont pu poursuivre sans grande difficulté leurs cours à distance, grâce au dispositif « ceibalita ». Ce dispositif est un mini-ordinateur spécialement conçu pour suivre le programme scolaire, qui avait été distribué gratuitement préalablement aux enfants il y a déjà quelques années. L’éducation nationale uruguayenne était donc bien équipée et préparée ! Concernant ses frontières, l’Uruguay a fermé ses frontières terrestres et maritimes avec l’Argentine, la frontière terrestre avec le Brésil, mais aussi ses frontières internationales passant par l’aéroport de Carrasco. Depuis le 15 mars, l’accès au territoire des voyageurs est interdit, sauf s’ils sont uruguayens ou résidents en Uruguay. Cependant, à la différence d’autre pays d’Amérique du Sud, l’Uruguay n’a pas décrété de quarantaine obligatoire. En effet, bien qu’il soit fortement conseillé de rester chez soi, il n’est pas interdit aujourd’hui de sortir dans la rue librement. En effet, le gouvernement ne souhaite pas que l’économie pâtisse. Cette semaine, toutefois, le port du masque a été rendu obligatoire dans les transports et à l’entrée des supermarchés.
Acte reconnu par la Commission des droits de l’homme des Nations unies.
Pourtant récemment, malgré toute cette vigilance, l’Uruguay a fait preuve de solidarité et a dérogé à sa politique nationale de fermeture de frontière. En effet, la propriété du croisiériste australien Aurora Expeditions, le navire Greg Mortimer, après avoir été refoulé par les îles britanniques des Malouines, était arrivé au large des côtes de Montevideo, le 27 mars. Selon des tests réalisés par des équipes sanitaires uruguayennes, sur les 200 passagers et membres d’équipage, au moins 128 étaient contaminés au Covid-19. Suite à ces découvertes, huit personnes avaient été débarquées en urgence dans un véritable « corridor humanitaire » pour être hospitalisées à Montevideo après l’aggravation de leur état de santé. Le rapatriement des autres passagers vers leurs pays d’origine s’est effectué à travers des vols partant de l’aéroport international de Montevideo vers le Canada, les Etats-Unis et l’Australie. Ainsi, cet acte et la gestion de ce paquebot rejeté de toutes part, ont été salués par l’Australie, et reconnus par la Commission des droits de l’homme des Nations unies.
Ce que le président uruguayen appelle la « nouvelle normalité »
Cette semaine, les autorités uruguayennes ont réaffirmé leur volonté d’adopter la politique de l’immunité collective contre le Covid-19. Le pays souhaite réguler la circulation du virus, qui semble inévitable, sans pour autant saturer le système de santé. En effet, compte-tenu du fait qu’aucun vaccin n’a encore été trouvé, l’idée du gouvernement serait d’augmenter progressivement la quantité d’individus dotés d’anticorps contre le Covid-19. Nonobstant la question fait débat en Uruguay, tout comme à l’OMS : la véritable efficacité des anticorps face à une deuxième contamination n’a pas encore été réellement prouvée. Ainsi, certaines activités vont progressivement reprendre cette semaine dans le cadre de ce que le président uruguayen appelle la « nouvelle normalité ». Ces activités comprennent les écoles primaires dans les zones rurales, les activités de construction et certaines industries et commerces. Toutefois, le gouvernement alerte et rappelle qu’il en va de la responsabilité de chacun, pour soi-même et pour ses proches, de demeurer alerte, car une deuxième vague pourrait a posteriori faire de nombreuses victimes…