L’ère du numérique et l’avènement des réseaux sociaux engendre un monde ultra-connecté où l’information se fait de plus en plus horizontale. Cette horizontalité et démocratisation de l’information doit s’accompagner d’une certaine méfiance, car certaines informations partagées peuvent être tronquées, voire totalement fausses. Plus récemment avec le Covid-19 et le confinement, une vague de fake-news a émergé sur les réseaux sociaux, alimentées par des internautes crédules, mal informés ou en quête de polémique.
L’OMS a ainsi appelé à la vigilance et a mis en garde contre cette « infodémie » pernicieuse, qui peut conduire à des psychoses et des mouvements de paniques. A travers les likes, les tweets et les partages, nous nous faisons vecteur à notre échelle de cette viralité numérique. A plus grande échelle, certains médias influents peuvent devenir aussi source de fake-news. C’est le cas de la chaîne ultra-conservatrice Fox News et de Jerry Falwell, célèbre pasteur évangélique, qui ont accusé le parti Démocrate d’avoir créé le Covid-19, avec l’aide de la Nord Corée, dans le seul but de déstabiliser Donald Trump pour les prochaines élections.
Les Fake-news sur le Covid-19 les plus partagées concernent majoritairement la provenance du virus. Selon un sondage IFOP, 26% des français croient que le Covid-19 a été conçu en laboratoire. Les Fake-news sont particulièrement populaires auprès d’individus à la recherche de coupables responsables de leurs maux, face à ce drame sanitaire. Une chasse aux sorcières se profile sur les réseaux sociaux, servant le plus souvent secrètement des motifs politiques ou idéologiques.
Ainsi, pour certains le coronavirus serait dû au développement de la 5G. Cette théorie provient d’une vidéo relayée sur le net de l’américain Thomas Cowen, ancien vice-président de l’Association pour la médecine anthroposophique. Il compare le scénario de la grippe espagnole apparu après l’essor des ondes radios, au Covid-19 et l’essor de la 5G. Selon lui, le lancement de la 5G à Wuhan, et le fait que cette ville chinoise devienne foyer de l’épidémie, n’est pas un hasard. Par ailleurs, le navire croisière Diamond Princess qui utilisait aussi cette technologie a vu ses passagers infectés. Ipso facto, cette théorie alimente le rejet des nouvelles technologies et la méfiance sans toutefois se baser sur des preuves scientifiques. Face à la propagation de cette théorie complotiste, YouTube a décidé de supprimer activement les vidéos conspirationnistes reliant la 5G et le coronavirus.
D’autre théories affirment, quant à elles, que le Covid-19 serait une arme biologique créée et envoyée délibérément par la Chine ou par les Etats-Unis pour tester leurs puissances. Le porte-parole diplomatique chinois a même alimenté ces rumeurs, le 13 mars dernier, en partageant sur Twitter un article émanant d’un site conspirationniste : « Lisez et relayez. De nouvelles preuves que le virus est venu des États-Unis. ». En même temps, une autre rumeur du même ordre se développe, mettant en accusation cette fois-ci l’ancien bloc soviétique. Cette opération géopolitique top secrète viserait à affaiblir les démocraties et à rétablir la domination soviétique.
En parallèle, des croyances herméneutiques se développent. Cette tragédie serait un châtiment divin punissant les hommes de leurs péchés. La nature reprenant ses droits, nous avertirait et nous pousserait à remettre notre mode de vie en question. Ainsi, la crise épidémique permet l’essor d’un opportunisme politique, idéologique et même religieux. Les individus fragilisés par la crise se montrent plus vulnérables et susceptibles d’adhérer à ces thèses conspiratrices.
La vigilance et le recul sont plus que jamais à l’ordre du jour en ce confinement ! Une seule chose est sûr l’origine de la COVID 19 sera connue, ce n’est qu’une question de temps.
