L’année 2020, a mis en exergue un monde profondément meurtri par différentes crises. Depuis plusieurs années déjà, une prise de conscience collective, en ce qui concerne la crise climatique, s’est fait jour. Plus récemment, une crise démocratique sur fond de crise sociale avait commencé à se dessiner avec la montée des extrêmes dans le monde. A cela s’ajoute, une crise économique sans précédent provoquée par la Covid-19.
Dans ce contexte, l’engagement actionnarial prend de plus en plus d’ampleur. Anne-Catherine Husson-Traore, Directrice Générale de l’institut Novethic note qu’il « devient ce lien indispensable pour que finance durable et entreprises responsables se rejoignent sur un modèle commun. »
L’actionnariat actif (stewardship en anglais) consiste en l’établissement d’un dialogue entre les dirigeants de l’entreprise et ses actionnaires, afin que celle-ci intègre des critères Environnementaux, Sociaux ou de Gouvernance (ESG) dans sa stratégie d’entreprise, alignés sur l’Accord de Paris ou les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Deux dispositifs récents, la nouvelle directive européenne sur le « droit des actionnaires » et la loi Pacte en France, ont boosté l’engagement actionnarial en obligeant les investisseurs entre autres, à rendre publiques leurs politiques d’engagement responsable et à renforcer la transparence dans l’exercice de leur droit de vote, notamment lors des Assemblées Générales.
En outre, diverses initiatives ont vu le jour partout dans le monde sur des thématiques ESG afin de faciliter l’engagement actionnarial. A titre d’exemple, les PRI (Principes pour l’Investissement Responsable) lancées par les Nations Unies en 2006, s’adressent au secteur financier et incitent leurs signataires à intégrer des critères ESG dans la gestion de leurs portefeuilles.
Il existe plusieurs manières d’investir de façon responsable. Les approches s’articulent autour de différents leviers d’action. C’est sur le thème relatif à l’écologie dans lequel l’engagement actionnarial s’exprime le plus.
Lancée lors du One Planet Summit en 2017, l’initiative Climate Action 100+ se donne pour mission d’amener les 100 plus gros émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux à réduire drastiquement leurs émissions dans les cinq ans qui viennent. Grâce aux pressions exercées, le groupe pétrolier Total, qui fin 2019 avait exprimé un certain scepticisme sur la transition énergétique, a finalement changé de positionnement et pris de forts engagements, lors de son AG 2020, pour intégrer une nouvelle stratégie climat à sa feuille de route.
Bien que l’engagement actionnarial responsable ne soit encore qu’une pratique émergente dans l’hexagone, celle-ci semble avoir été fortement employée au cours de cette saison des assemblées générales 2020, tenues à huis clos. En effet, 15% des présentations ont été consacrées aux thématiques de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), soit 5% de plus que l’an dernier.
En outre, près d’une question sur deux, lors des AG, était axée sur la pérennité des activités de l’entreprise en lien avec les changements climatiques, la biodiversité ou les salaires décents dans la chaîne de sous-traitance.
Autre exemple d’engagement responsable sur le volet Social, suite à son AG, le groupe H&M a décidé d’adopter des résolutions pour plus de transparence et à mettre en place une politique de salaires décente dans toute sa chaine de sous-traitance. Mauro Meggiolaro, menant l’engagement actionnarial pour H&M, affirme avoir déposé de nouvelles résolutions en 2020, plus explicites que celles formulés en 2019, sur les salaires décents et la typologie des critères publiés par l’entreprise.
*Source : « L’Engagement actionnarial : Les investisseurs responsables face aux dilemmes des AG 2020 » de l’institut Novethic, expert de la finance durable et média référence de l’économie responsable)
