Vous êtes Patrick Dumez, maire depuis le 23 mars 2014, du petit village de Sommecaise, commune française située dans le département de l’Yonne en région Bourgogne-Franche-Comté. Cette année, en mars 2020, vous avez été réélu, dès le premier tour, pour un second mandat dans cette petite commune de 369 habitants. Aujourd’hui, on parle d’une crise de la vocation des élus locaux dues à des raisons multiples telles que les restrictions budgétaires, la disponibilité et les responsabilités qu’implique la fonction, la désaffection des citoyens envers leurs élus… Quelles ont été alors vos motivations pour réitérer votre engagement ?
L’envie de poursuivre et de voir aboutir les projets initiés lors du premier mandat avec notamment la création de la place du village et d’un lieu de service multigénérationnel. La volonté de prouver par des actions et réponses pragmatiques que la ruralité peut être un lieu d’invention pour faire émerger des projets correspondant aux évolutions sociologiques d’une commune rurale. Le désir de créer du collectif par des actions pragmatique de proximité.
En tant que maire d’un village, vous avez une relation de proximité avec vos administrés. Quels sont, dans votre vie, les changements engendrés par ce passage au statut d’homme public ?
C’est naturellement en se tournant vers le Maire que l’on cherche les réponses aux problèmes du quotidien, plus particulièrement dans les petites communes ou la proximité de celui-ci rend difficile le cloisonnement entre vie privée et exposition publique. On est Maire 24 heures sur 24, la fonction impacte forcément sa vie personnelle. Être Maire est une mission chronophage surtout dans les communes rurales ou les moyens et le personnel sont limités.
La crise sanitaire actuelle a marqué un tournant dans la politique gouvernementale qui souhaite s’orienter davantage vers une politique de décentralisation. Le gouvernement a notamment augmenté la DPEL (Dotation Particulière Elu Local) en 2020 de 28 millions d’euros au bénéfice de 12500 petites communes. Dans quelles mesures ces réformes sont-elles bénéfiques ? Quels sont vos attentes particulières vis-à-vis du gouvernement
La DPEL pour notre strate de population est augmentée de 50 % portant l’indemnité maximale d’un Maire à 990 €. Comme beaucoup de Maires de petite commune je ne perçois pas le taux maximal ; la revalorisation de cette enveloppe indemnitaire qui ne compense pas la totalité des indemnisations versées nous a permis la création d’un poste de troisième adjoint.
Les enveloppes de subventions au titre de la DETR devraient être ciblées et abonder plus fortement les actions portées par les petites communes, car c’est souvent, avec l’endettement, la seule source de financement permettant la réalisation de projets.
Entre réglementations, et contraintes budgétaires quelle est la capacité d’action d’un maire de petite commune ?
Un administré d’une commune rurale à les mêmes besoins et demandes qu’un habitant de zone urbaine, pourtant la DGF est perçue en fonction du nombre d’habitants par commune. Cette forme d’injustice impacte la réalisation et l’émergence de projets dans les communes rurales.
La mise en place des circulaires et décisions administrative sans discernement de la taille des communes devrait être mieux prise en compte par le législateur. Les transferts de compétence vers l’intercommunalité réduisent par ailleurs le champ de décisions et d’autonomie du Maire.
Je vois aussi s’accroitre la dépendance vis-à-vis de l’Etat corrélée par l’attribution des dotations, la perte du levier fiscal avec notamment la suppression de la taxe d’habitation qui renforce cette subordination.
Durant les 6 années à venir de votre second mandat, quels vont être les grands axes de votre projet pour Sommecaise ?
J’ai trois grands axes principaux de développement pour la mandature qui s’ouvre :
D’abord, continuer notre projet structurant de place de village, notamment avec l’ouverture d’un lieu de service au cœur du village pour réunir les générations et créer un lieu de vie et de rencontre pour tous et renforcer notre attractivité.
Second axe : développer les nouveaux services numériques, la crise du Covid peut être vue aussi une opportunité, notamment avec la prise de conscience que consommer local est un facteur de développement pour les territoires ruraux.
Dernier point : donner à Sommecaise toute sa place au sein de l’intercommunalité.