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« Écrire c’est se rebeller contre l’oubli. » – Viviana Burgos

Écrire c’est se rebeller contre l’oubli. Interview Viviana Burgos, autrice du livre « Une mère en prison ou l’apprentissage de la résistance ».

Interview Viviana Burgos, autrice du livre « Une mère en prison ou l’apprentissage de la résistance ».

Comment vous est venu l’idée d’écrire un livre sur vos années de prison en Uruguay pendant la dictature ?

C’est un devoir de mémoire. Écrire c’est se rebeller contre l’oubli. « N’oubliez pas que cela fut. Non, ne l’oubliez pas. Gravez-le dans votre cœur » disait Primo Levi dans son poème liminaire à son livre « Si c’est un homme ».

J’ai toujours eu un penchant pour l’écriture. D’ailleurs, beaucoup de prisonniers se sont improvisés écrivains. Quand on nous a enlevé le bien le plus précieux, la liberté, les mots sont un refuge. Ils résistent à l‘érosion du temps, nous sommes obligés de nous souvenir. Pour moi, écrire sur ces années-là était et demeure une démarche intellectuelle aussi bien que vitale.

Pourquoi avoir écrit ce livre plus de 40 années après ?

En réalité, j’ai réécrit et publié ce livre 40 ans après. Quand nous sommes arrivés en France avec ma famille en 1978, en même temps que je découvrais un nouveau pays, les sonorités d’une nouvelle langue et je retrouvais le parfum de la liberté, j’ai acheté deux cahiers « bleu ciel » dans lesquels j’ai écrit mon histoire et celles des mères ayant accouché leurs enfants en prison. Je les ai rangés dans un coin de ma bibliothèque et je suis allée les chercher 40 ans après. Je sentais que le moment était venu de les sortir à la lumière. Je devais le faire en premier lieu pour moi-même, pour mes deux filles, pour ma famille et pour les mères et les enfants qui étaient devenus entre temps des hommes et des femmes à part entière. Au fond, je ne fais que résumer ce que j’ai exprimé dans l’introduction de mon livre.

Vous racontez dans votre livre ce qu’a été votre vie de mère en prison. Que vous ont appris ces années là sur la nature humaine?

La prison est une situation extrême où l’on apprend à se connaître. On découvre nos points forts et nos faiblesses, nous ne pouvons rien cacher ni à soi même ni aux autres. Personne pouvait savoir à l’avance comment elle allait réagir quand elle serait harcelée par leurs geôliers, qu’elle a perdu sa famille et tout point de repère du monde « d’avant ». Quand on touche ses limites, on cherche à tout prix de s’affranchir par l’espoir.

Après votre libération, vous avez été contrainte de quitter L’Uruguay avec votre mari et votre fille et de laisser derrière vous, votre famille, vos amis et votre pays sans savoir si vous les reverriez un  jour. Vous avez trouvé l’asile politique en France. Comment avez vous trouvé la force de repartir à zéro  et de vous reconstruire?

J’avais 22 ans quand on m’a emprisonnée, j’avais 26 ans quand j’ai retrouvé ma liberté. J’avais grandi et beaucoup appris. J’ai retrouvé mon compagnon et ma fille, je voulais récupérer ce qu’on m’avait arraché .Je voulais vivre et être libre. C’est une force inépuisable qui me nourrit  jusqu’aujourd’hui.

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Aimant écrire sur des sujets de société, géopolitiques ou économiques, je vous propose ici mon jeune regard à travers une actualité hebdomadaire. J’essaie d’étudier en profondeur des sujets souvent peu traités par les médias traditionnels nationaux.

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