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Explosion port Beyrouth
Explosion port Beyrouth

Société

Explosion à Beyrouth : Le Liban face aux crises

Mardi 4 aout 2020, une double explosion a ravagé la ville de Beyrouth, provoquant l’abasourdissement général. Cette explosion provient d’un entrepôt situé dans le port de la capitale, où étaient stockées, depuis déjà six ans, 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium. Le général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale libanaise, a d’ailleurs admis que ce dépôt devait être acheminé au Mozambique La seconde explosion, nettement plus violente et destructrice que la précédente, se produisit à 18h08, au moment même où les cloches des églises retentissaient et les mosquées lançaient l’appel à la prière. Celle-ci s’est entendue jusqu’à Larnaca sur l’île de Chypre, à près de 200 km. Ces explosions étaient d’une telle puissance qu’elles comptent parmi plus grosses explosions non-nucléaires de l’histoire avec un dixième de la puissance de l’explosion de la bombe atomique à Hiroshima, selon des spécialistes de l’université anglaise de Sheffield. L’institut américain de géophysique, a estimé ces explosions d’une puissance équivalente à un séisme de magnitude 3,3 sur 10 sur l’échelle de Richter. Cette double explosion a entrainé la mort de 220 personnes, selon une annonce du gouverneur de Beyrouth le 10 aout dernier et a fait plus de 6 000 blessés, parmi lesquels 120 sont dans un état critique. 110 personnes sont toujours portées disparues. Dans la capitale du Liban, le paysage est apocalyptique. Les bâtiments se sont effondrés et les rues sont dévastées. Au vu de l’ampleur des dégâts, on estime au nombre de 300 000, les personnes se retrouvant sans logement. Alors que l’économie du pays est plus que fragile et en récession depuis 2018, le président libanais Michel Aoun a annoncé le mercredi 12 aout sur le compte Twitter de la présidence, que « Les estimations préliminaires pour les pertes essuyées après l’explosion au port dépassent les 15 milliards de dollars ».  Dans le port libanais, l’explosion a rayé de la carte une portion entière du littoral et entrainé la disparition de tous les entrepôts environnants. Celle-ci a engendré également un cratère de 120 m de diamètre par 43 m de profondeur. Cette zone industrialo-portuaire est vitale au Liban, puisqu’elle totalise 60% des importations nationales. Plusieurs experts s’inquiètent ainsi pour la sécurité alimentaire car le Liban importe 80 % de ses denrées alimentaires.

Par ailleurs, selon un rapport du 12 aout de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), sur les cinquante-cinq cliniques et hôpitaux de Beyrouth évalués, plus de la moitié des hôpitaux de la ville sont jugés « hors service » suite à cette double explosion dont trois hôpitaux majeurs de la capitale.   L’hôpital Saint-Georges, situé dans le quartier d’Achrafieh a quant à lui été complétement dévasté. Ses locaux ont été considérablement endommagés et ses patients et personnels soignants sont morts dans l’explosion. Celle-ci venant s’ajouter à la crise pandémique de la Covid-19 aura pour sûr un terrible impact sur les capacités d’hospitalisation au Liban. Richard Brennan, directeur régional des urgences de l’OMS, a d’ailleurs lancé un appel aux autorités afin que celles-ci rétablissent « les capacités de ces établissements au plus vite ». Les hôpitaux, déjà saturés en raison du rebond de la crise du Covid dans le pays, ont été submergés par l’afflux de blessés, rescapés de l’explosion. Quelques semaines avant l’explosion, en raison d’une montée en flèche du nombre de cas au Liban, le gouvernement avait décrété un reconfinement provisoire à la fin juillet, mais le président est finalement revenu sur sa décision suite au drame.

De nombreux pays ont présenté mardi leurs condoléances et proposé de l’aide au Liban. A titre d’exemple, le président français Emmanuel Macron a annoncé sur son compte Twitter l’envoi à Beyrouth de plusieurs tonnes de matériel sanitaire et d’un détachement de la sécurité civile. Les États-Unis et l’Allemagne ont également proposé leur aide. Même l’Etat d’Israël, entretenant toujours des relations politiques tendues avec son voisin libanais, a proposé à ce dernier « une aide humanitaire et médicale ».

Sur le plan intérieur, cette explosion a provoqué un séisme politique.

Selon la BBC : « L’explosion survient à un moment sensible pour le Liban, avec une crise économique ravivant d’anciennes divisions.» Depuis l’automne 2019, le pays fait face à un véritable soulèvement populaire. Des centaines de milliers de Libanais manifestent régulièrement pour dénoncer la corruption de la classe politique nationale et son incompétence face à la situation économique qui se détériore depuis de nombreuses années. Cette dernière catastrophe de trop pour cette nation en crise a engendré une vague de manifestations le 8 aout dans la capitale. Le gouvernement Hassan Diab a présenté sa démission le lundi 10 aout. Afin de calmer les tensions, le Premier ministre Diab a proposé des élections législatives anticipées. Celui-ci a même admis : « C’est inacceptable que 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium soient entreposées pendant six ans sans mesures de sécurité ». Les Libanais ont par ailleurs exigé que le parquet se charge de traduire en justice les responsables de cet évènement dramatique.

Les véritables causes de l’incident demeurent aujourd’hui assez controversées.  Selon Marwan Abboud, le gouverneur de Beyrouth, cette explosion aurait été provoquée par un incendie. Badri Daher, directeur des douanes, aurait indiqué qu’un dépôt de feux d’artifice se trouvait à proximité de l’entrepôt de nitrate d’ammonium. L’incendie précédent l’explosion, lui, serait dû à des travaux de soudage dans un entrepôt. Aux Etats-Unis, Donald Trump a, quant à lui, déclaré : « Cela ressemble à une terrible attaque. (…) L’explosion semble avoir été causée par une sorte de bombe ». Le 7 août, le président libanais Michel Aoun a de même envisagé cette hypothèse et demandé au président français de lui fournir des images satellites afin de « déterminer s’il y avait des avions […] ou des missiles » dans l’espace aérien libanais.

Quoi qu’il en soit au-delà de toutes spéculations, le futur gouvernement libanais devra très vite trouver des solutions afin de faire face aux crises sociales, économiques et sanitaires que traverse le pays.

Clémence Rossignol
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Aimant écrire sur des sujets de société, géopolitiques ou économiques, je vous propose ici mon jeune regard à travers une actualité hebdomadaire. J’essaie d’étudier en profondeur des sujets souvent peu traités par les médias traditionnels nationaux.

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