Ces derniers mois, le Covid-19 a pour sûr chamboulé nos vies et réorganisé les marchés mondiaux. Le « Grand confinement », qui en a découlé, a modifié nos modes de consommation, nos chaînes de production et les équilibres de l’économie mondiale. On distingue bel et bien les « gagnants » de cette crise épidémique des « perdants », comme l’a récemment souligné l’économiste Patrick Artus : « Les publications trimestrielles confirment que l’alimentaire, la pharma, la tech sont les gagnants de cette histoire ». Ainsi cette période apparaît-elle comme une période faste et prospère pour l’entreprise multinationale américaine, Netflix.
Celle-ci voit sa position de leader mondial renforcée, en ce qui concerne la diffusion de films, séries et documentaires en flux continu. L’œuvre de Reed Hastings et de Marc Randolph a atteint le nombre de 183 millions d’abonnés ! Suite à la publication, fin mars, des résultats trimestriels de la plateforme, la Bank of America Merrill Lynch avait concédé : « c’est le bon moment pour être stock-picker ». Entre janvier et mars, Netflix a séduit 15,8 millions abonnés supplémentaires, contre 9,6 millions à la même période l’année précédente. Cette accélération inédite depuis la fondation de la firme en 1997, n’est que temporaire, selon ses analystes, et est en lien direct avec la situation actuelle de Covid-19. Comme l’a déclaré le directeur des contenus de Netflix, Ted Sarandos, lors d’une conférence en ligne pour des investisseurs : « c‘est une distraction qui est tombée incroyablement à pic, qui a permis aux gens de parler d’autre chose que des infos ». La plateforme a ainsi doublé son bénéfice net du 1er trimestre avec 709 millions de dollars, pour un chiffre d’affaires total de 5,8 milliards de dollars.
Par ailleurs, Netflix saisit les nouvelles opportunités issues du Covid-19 jusqu’au bout, si l’on peut dire. Ainsi, en ce début du mois d’avril, la plateforme de SVOD a-t-elle sorti le premier épisode d’une série documentaire retraçant l’histoire du coronavirus. Ce documentaire vise à nous faire comprendre l’histoire complexe de la pandémie, mais aussi les enjeux géopolitiques mondiaux qui en découlent, grâce à l’intervention de plusieurs spécialistes éminents. Parmi les intervenants, nous retrouvons à l’affiche le grand milliardaire Bill Gates (cf http://confinews.fr/bill-gates-ou-laruspice-des-temps-modernes/).
Toutefois, derrière cette forte croissance, Netflix a aussi rencontré son lot de problèmes. Le premier problème concerne l’approvisionnement en films et séries de la plateforme. Le confinement presque planétaire et les diverses mesures sanitaires empêchent la réalisation et le montage de nouveaux films et séries. Netflix ne peut pas se permettre de perdre le rythme de la production ! Deuxièmement, le marché reste très concurrentiel avec de sérieux concurrents, comme Disney+, HBO Max, Amazon Prime qui gagnent eux aussi des parts de marché.
Enfin, la pandémie de coronavirus oblige la plateforme à s’imposer des restrictions en Europe. En effet, les mesures de confinement ont entraîné une explosion du trafic internet et une surcharge de la bande passante. Les populations s’évadent à travers des jeux en lignes, les réseaux sociaux, des films et des séries sur des plateformes spécialisées… Afin de désengorger ce trafic et de favoriser cette bande passante aux usages professionnels, désormais majeure dans le cadre du télétravail, les opérateurs télécoms européens ont émis l’hypothèse de restreindre des plateformes, comme YouTube et Netflix. A titre d’exemple, en Italie, Telecom Italia a vu la consommation de la bande passante grimper de 70% pendant le confinement. « En cas de saturation, les opérateurs n’excluent pas de privilégier les usages professionnels en diminuant la bande passante des sites de divertissement », précise le JDD.
Netflix a donc pris l’initiative de réduire la qualité de son streaming, en Europe. Toutefois, les dirigeants de la plateforme ont assuré que cette décision n’aurait pas de réel impact en ce qui concerne la qualité des services. « Nous estimons que cette décision réduira d’environ 25% le trafic des réseaux en Europe, tout en assurant une bonne qualité de service », a précisé un porte-parole de la firme, au micro du site Business Insider.